Comment un couteau à la forge est-il fait ?

Voici un article vous présentant ma façon de forger les couteaux présents dans la boutique.

Comme toute construction, certaines règles sont à respecter. En amont de la forge, je dessine le couteau que je veux au final. Ensuite, je décide des matériaux que je vais utiliser pour la lame ainsi que pour le manche.

I – Première étape : Le méplat

Quand je commence à forger, j’utilise un morceau d’acier. Ce dernier sera la colonne vertébrale du couteau, c’est donc une étape très importante.

Lors de cette première étape, je choisis l’épaisseur que la lame fera. Je forge également la forme approximative de la lame.

Le morceau d’acier que je travaille lors de cette étape s’appelle alors un méplat. Il me permet de déterminer la longueur générale du couteau (la lame ainsi que le manche) et l’épaisseur générale.

Cette étape m’aide également à juger le matériau que je travaille.

II – Deuxième étape : La mise en forme de la lame

Cette fois, toujours sur mon méplat, je travaille plus soigneusement la lame. Conformément à mes plans de dessin je commence à préparer mon entablure sur le plat de ma lame , celle-ci marquera la limite entre ma lame et le manche (la soie) de mon couteau .

Je dégrossi avec mon marteau également le tranchant de mon couteau , je préforme mon émouture , ainsi que sa tranche. C’est à ce moment que la forme se dessine , qu’elle prend une pointe et un certain tranchant. Cependant il ne ne faut pas surchauffer le tranchant de la lame ce qui induirait une brulure de l’acier et une perte du carbone.

Je redresse soigneusement la lame et forge la pointe de mon couteau. Cette étape étire et compact les molécules d’acier entre elles dans le sens de leurs longueur . Cette action permet d’obtenir une qualité de tranchant et une qualité du fil plus solide et durable , cela influencera principalement l’effet de la coupe et sa durer d’affutage.

III – Troisième étape : Le recuit , une étape de patience

Cette étape est la plus longue. Je chauffe mon acier progressivement dans la forge, pour le laisser doucement refroidir par la suite dans le fraisil ( le fraisil est un mélange de cendre de charbon, de terre incomplètement brûlé et de poussière. ).

Cette étape me permet de créer une petite chambre de combustion dans mon fraisil, ou le couteau refroidit progressivement.

Cela a pour but d’attendrir mon acier, et libérer toutes les tensions provoquées par la forge de la lame auparavant. Le travail du couteau au backstand n’en sera que plus simple par la suite

IV – Quatrième étape : L’émouture grossière

Je quitte enfin ma forge. Le travail minutieux débute. Avec différents outils, selon le rendu que je veux, j’abrase la lame, puis le contour, et ensuite les plats.

Ce n’est qu’en dernier que je travaille le tranchant , je réalise une émouture. Pour cette étape j’utilise un backstand : Le backstand est un outil incontournable du coutelier . C’est une ponceuse à bande stationnaire que l’on adapte pour le travail de la coutellerie. Facilement réglable il permet d’effectuer différents types de travaux plus ou moins précis en fonction des bandes interchangeables que l’on peut y adapter dessus .

En coutellerie, l’émouture désigne à la fois la partie de la lame qui s’amincit pour former le fil de la lame ainsi que la façon dont la lame s’amincit.

Le choix d’une émouture que je réalise va dépendre de l’utilisation du couteau, mais peut se résumer à un compromis entre : type d’acier de la lame, capacité de coupe, disponibilité d’outillage, ou efforts mécaniques subis par la lame. Dans l’absolu, aucune émouture n’est meilleure qu’une autre. On pourrait dire cependant que certains types d’émoutures sont meilleur pour un certain type d’utilisation. Par exemple les émoutures convexes sont particulièrement adaptés pour travailler le bois ou le bushcraft. D’un autre côté, les émoutures plates sont préférables pour les couteaux de cuisine pour leur capacité de coupe.

V – Cinquième étape : Les différents traitements thermiques (normalisation ,trempe et revenu).

Une fois le couteau mis en forme, pour stabiliser mon couteau, plusieurs étapes de chauffes sont utilisées.

Les normalisations : La normalisation est un traitement thermique fait avant la trempe . Elle permet d’affiner le grain de l’acier , afin de rendre la lame moins fragile lors de la trempe et donc d’éviter une déformation . La normalisation est réalisé au minimum 3 fois consécutivement à différente température de chauffe . Ont commence par une chauffe à haute température et ont laisse refroidir notre lame dans l’air ambiant . Ont répète cette action jusqu’à température de trempe.

La trempe : Indispensable pour avoir un tranchant résistant ,la trempe est un choc thermique provoqué par la baisse brutal de la température de la lame dans de l’eau ou de l’huile . La trempe a pour but de solidifier la lame et resserrer les molécules d’acier . Cependant la trempe fragilise la lame, elle devient cassante comme du verre .

Pour éviter que la lame ne soit trop cassante , un dernier traitement thermique est réalisé . On appelle cela le revenu .

Le revenu est un traitement thermique à basse température destiné à éliminer les contraintes et la fragilisation provoqués par la trempe et obtenir les propriétés mécaniques requises. Pour certains types d’acier, la durée de maintien à la température de revenu est d’une grande importance , la lame retrouve ainsi sa résilience .

Selon le matériau que j’utilise, je fais attention aux températures optimales.

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Les matériaux utilisés en forge

Pour forger les couteaux, j’utilise différents matériaux.

Pour les couteaux pliants et les couteaux faits en plaque, les matériaux principaux sont :

Acier carbone : XC 70

L’acier carbone XC 70 , par ailleurs composé, de silicium, de manganèse, de soufre, de phosphore et/ou de chrome. L’aciers XC 70 par exemple contiens entre 0,65 et 0,90% de carbone, 0,70% maximum de manganèse, 0,35% maximum de silicium, et 0,035% ou moins de soufre et de phosphore. Ces matériaux sont utilisés dans différents secteurs d’activité, dont ceux de la construction et de la coutellerie.

Cet acier, dispose d’une bonne dureté, il se distingue par une excellente trempabilité à l’huile. À l’état brut de trempe, c’est-à-dire sans revenu, elle atteint une dureté de 58 à 60 Rockwell C , dureté qui peut être augmentée par un revenu à 180-200°C. 

Acier carbone inoxydable : 14C28N (privilégier pour les couteaux pliants).

L’acier 14C28N mérite amplement sa réputation de qualité acquise au fil des ans par Sandvik, un fabricant suédois d’acier de renommée mondiale. C’est un choix idéal pour la fabrication de lames de couteaux d’extérieur et tactiques. En France, certaines des unités commando les plus célèbres sont équipées de couteaux en acier Sandvik 14C28N.

 

Qu’apporte l’acier Sandvik 14C28N à un couteau ?

Cet acier a été conçu pour garantir avant tout les paramètres essentiels de la coupe : un tranchant résistant, et une facilité d’affûtage. La finesse du grain de cet acier, due à la présence de manganèse, le protège également des fissures et des craquelures qui entraînent la corrosion par pénétration d’eau dans sa structure.
L’acier inoxydable 14C28N possède toutes les qualités essentielles pour la production de lames de couteaux de terrain et tactiques : bushcraft, outdoor, pêche, chasse, sports extrêmes, etc.

Il contiens 0,62 % de Carbone, 14% de Chrome, 0,6% maximum de Manganèse, 0,2% maximum de Silicium, et 0,11% ou moins d’Azote . Cet acier se distingue par une excellente trempabilité à l’huile et a l’air . À l’état brut de trempe, c’est-à-dire sans revenu, il atteint une dureté de 59 Rockwell C.

Ensuite dans un souci de préservation des ressources, j’utilise de l’acier de récupération :

  • Lame de ressort : acier carbone 55si7 ;
  • Limes de maréchal ferrant en tout genre ;
  • Lames de découpe : acier carbone C60 ;
  • Certains aciers agricoles ;
  • Etc

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Les matériaux utilisés pour les manches

Je vous propose un grand choix de matières pour le montage des manches. Soucieux de valoriser l’environnement dans lequel j’évolue, les manches de mes couteaux sont conçus, le plus souvent possible avec des essences locales Tarnaise : Voici un aperçu non exhaustif des bois que je vous propose en fonction de mes stocks.

Mais pour répondre à certaines demandes, je peux également utiliser quelques essences exotiques :

Les matières animales

Les principales matières animales sont :

  • la corne (zébu, buffle, vache…) provenant d’animaux domestiques. La corne de buffle est d’un noir dense, le zébu est semi-opaque, et peut présenter un veinage (blanc, brun, noir). Le polissage donne un rendu miroir.
  • le bois de cerf : les bois sont récoltés dans la nature celui-ci a tendance à devenir rare et cher. On peut l’utiliser sans sa croûte (il va avoir l’aspect de l’os), ou bien avec sa croûte caractéristique et son aspect rugueux .

Les matières synthétiques

La plupart des matières synthétiques utilisées en coutellerie sont des matériaux composites. L’alternance de strates de couleur différentes offre des dessins assez esthétiques après façonnage :

Exemple de matière :

  • fibre de carbone : présentation tissée, feuilletée, marbrée…
  • G10 : composite à base de tissu de verre
  • micarta : composite à base de textile (coton, lin, synthétique…)
  • paperstone : composite à base de papier

Cette matières dois être évoquées à part car elles ont été conçues en remplacement de matières animales :

  • Elforyn : cette matière a été développée pour imiter l’ivoire d’éléphant dans ses moindres détails (couleur, texture, cernes…), elle est principalement utilisée par les luthiers
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